Koninklijk Museum voor Schone Kunsten in Antwerpen

Au mois de février dernier j’ai eu l’immense plaisir d’avoir été invité pour participer à un très beau projet de traduction en néerlandais : celle des lettres de James Ensor, peintre avant-gardiste, mais aussi compositeur et écrivain. Le porteur de ce projet était le Musée de Beaux-arts d’Anvers, aussi connu sous le sigle KMSKA, abréviation de son nom néerlandais. Ce musée détient une grande quantité d’œuvres de James Ensor, mais aussi de nombreux écrits de sa main, dont des discours, des manuscrits, des cartes et lettres à sa famille, amis et relations professionnelles dans le monde de l’art. Puisque le site web du KMSKA est entièrement en trois langues (français, néerlandais et anglais), le musée souhaitait également mettre à disposition ces documents français à disposition de son public néerlandophone.

Avec un petit groupe de collègues traducteurs, j’ai pu me pencher sur ces lettres manuscrites adressées à James Ensor ou écrites par lui, qui donnent un bel aperçu du quotidien du peintre à son époque. On y trouve entre autres des questionnements sur l’intérêt à participer à tel ou tel exposition, des soucis d’emballage de ses oeuvres avant expédition, des réclamations des sommes qui lui sont dûs par des galeries ayant vendu ses oeuvres.

L’écrivain James Ensor avait un style d’écriture bien à lui, il aimait à jouer avec des mots, inventait volontiers de nouveaux mots et ne se souciait par toujours du grammaticalement correct. C’était un beau défi de s’efforcer à rendre ses textes le plus fidèlement possible en néerlandais, aussi bien en ce qui concerne le contenu que la forme. Il était fascinant de me pencher sur des phénomènes du début du 20ème siècle qui n’existent plus aujourd’hui, comme des multiplexes. Comprendre ce que c’était, à quoi ça servait et ensuite trouver l’équivalent néerlandais utilisé à l’époque.  De même les néologismes, les mots inventés par James Ensor lui-même nécessitaient une approche bien réfléchi : quelle est leur composition, quels sont les mots d’origine, que veut-il exprimer exactement avec ce nouveau mot, comment ça se place dans on époque? Ensuite, essayer de faire le même chemin à l’inverse en néerlandais, afin de trouver un mot qui rend aussi bien la signification que la forme, la sonorité, le ‘goût’ du mot français inventé. Ce n’est certes pas toujours facile, mais c’est bien un des aspects qui rend le métier de traduction si passionnant.

Sur le site du KMSKA vous pouvez trouver aussi bien les textes d’origine que les traductions en néerlandais. N’hésitez pas à y jeter un œil.